Le "Bulletin officiel du Ministère de la Guerre" de juillet 1915 nous apprend :
Source : Gallica |
A noter que la mention "Mort pour la France" ne s'attribue pas uniquement aux soldats, mais aussi aux civils victimes de faits de guerre.
Cette mention n'a pas pour unique but d'honorer la mémoire du soldat tombé au champ d'honneur. Elle lui ouvre également des "droits", à lui et à sa famille.
Tout d'abord, les enfants dont l'un des parents (ou le soutien de famille) est reconnu comme "Mort pour la France", peut être adopté comme "Pupille de la Nation".
Pour les veuves, les orphelins, voire les ascendants d'un soldat "Mort pour la France", une rente peut être versée (sous certaines conditions) pour venir en aide immédiate aux familles.
Cette mention " "Mort pour la France" permet aussi aux familles la restitution du corps (ou des restes d'un corps) dans le cimetière de leur choix, et tout cela aux frais de l'Etat. A noter que si l'identification du corps survient très tardivement, la famille ne dispose plus que de 3 mois (6 mois si le corps du soldat n'a pas été retrouvé en France Métropolitaine), pour faire cette demande de restitution. En outre, la sépulture d'un combattant "Mort pour la France" est une concession perpétuelle, il n'y a pas de renouvellement à faire.
De plus, comme je l'indiquais dans ce billet, les descendants peuvent se rendre gratuitement, et une fois par an, sur la tombe d'un de leurs ascendant (avec une attestation du lieu d'inhumation bien sur).
Enfin, le soldat "Mort pour la France" peut avoir son nom inscrit sur le monument aux morts de sa commune (de naissance ou de résidence). Comment pourrait-il en être autrement pour honorer à jamais sa mémoire ?
On comprend donc l'importance de la reconnaissance par l'autorité militaire ou administrative, de cette mention "Mort pour la France", tant au niveau de la mémoire du soldat, que de l'aide pouvant être apportée à sa famille.
Si plus d'1,3 million de soldats ont eu cette honorable mention, près de 100.000 sont devenus malgré eux des "Non Morts pour la France". Ils sont bels et bien morts durant la Grande Guerre, mais leurs décès n'ont pas été imputé au conflit. Ainsi, dans cette liste, nous retrouvons des suicidés, aliénés, fusillés, accidentés en permission, malades, etc. Pour ces derniers, la frontière est d'ailleurs extrêmement ténue (à mes yeux), entre un soldat qui meurt d'une "maladie contractée en service" donc reconnu comme "Mort pour la France", et un soldat qui meurt d'une "maladie aggravée par le service" donc reconnu comme "Non Mort pour la France".
Si les familles pouvaient (et le peuvent toujours) demander la révision du décès d'un soldat et l'obtention de la sacro-sainte mention, il est facile d'imaginer que pour des combattants orphelins, ou loin de chez eux, ce n'est absolument pas la même chose. Ainsi, dans ces listes, nous retrouvons beaucoup "d'indigènes" qui venaient de l'Algérie, du Maroc, de Guinée, du Soudan, etc, qui étaient à des milliers kilomètres de chez eux. Ils sont morts pour la Patrie, mais ne seront jamais reconnus comme tels.
Pour information, il est tout à fait possible de nos jours, de faire une demande pour qu'un soldat (de notre famille ou non), puisse obtenir cette mention de "Mort pour la France". Pour cela, il faut passer par l'Office National des Anciens Combattants et Victimes des Guerres (O.N.A.C.-V.G.), et remplir ce formulaire.
Vous trouverez les coordonnées de l'ONAC le plus proche de chez vous sur leur site Internet.
Ici même : http://www.onac-vg.fr/fr/contact/
Si vous voulez en savoir plus sur les "Morts pour la France", la Revue Française de Généalogie a sorti en novembre 2011, un numéro très intéressant sur le sujet, que vous pouvez commander sur leur site Internet (je vous le recommande et je n'ai pas d'actions chez eux, promis :) )
Dans le cadre de mon projet de recenser tous les soldats de la Vienne tombés au champ d'honneur, j'essaierai autant que faire se peut, d'honorer aussi ces "Non Morts pour la France", qui à mon avis, méritent eux aussi les honneurs de la République ! Pourquoi pas, faire des demandes auprès de l'ONAC pour faire revivre leurs mémoires et voir leurs noms gravés sur le monument aux morts de leur commune (je suis un grand utopique !)
Si vous voulez plus d'informations, n'hésitez surtout pas à commenter ce billet ou me contacter par mail, je me ferai une joie de vous répondre.
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